Historique:
Il est bon de rappeler brièvement comment se
situe la peinture
murale "fresque"
dans l’art monumental. Il y a lieu en effet de distinguer un
art
simplement décoratif, comme par exemple la
décoration d’un
simple panneau peint dans une chapelle, d’un art
réellement monumental,
dans lequel la peinture murale "fresque"
fait partie intégrante de l’architecture
de l’édifice, au même titre que les
sculptures, les chapiteaux,
etc. C’est le cas notamment à
l’époque romane où,
l’architecture étant, pour des raisons techniques,
relativement
massive, c’est-à-dire pourvue de très
peu d’orifices, il
devint important de décorer tous les murs par des peintures,
tradition
héritée des romains, mais qui se
développe et prend
sa personnalité propre dans l’art roman, pour
atteindre son apogée
vers les 11e/12e siècle, avec des édifices comme
St Savin,
qui en est le témoignage le plus significatif parvenu
jusqu’à
nous. A l’époque gothique, l’ouverture
des baies résultant
de l’évolution de l’architecture avec
l’invention de la voûte
d’ogives, laisse de moins en moins de place à ces
importantes zones
murales pouvant recevoir des décors peints,
généralement
au profit de vastes baies vitrées, bientôt
décorées
elles aussi par un art spécifique : le vitrail.
Néanmoins,
certains édifices continuent à recevoir des
peintures de
qualité qui peuvent, comme à la
cathédrale d’Albi,
recouvrir toute la surface laissée libre par les baies
vitrées.
On trouve ainsi un certain nombre de peintures ornant notamment les
chœurs
de cathédrales de Narbonne, Clermont-Ferrand, et bien
sûr
Angers, que nous verrons en détail plus loin.
A la Renaissance, le goût pour
l’Antiquité amène
les artistes à décorer de nombreux
édifices, surtout
civils, en particulier un certain nombre de châteaux
célèbres,
comme celui de Fontainebleau. Au 17e siècle, on trouve
encore de
grands décors peints dans un certains nombre
d’édifices religieux,
comme le Val de Grâce, mais au 18e on assiste
d’avantage à
la réalisation de décors plutôt que
d’un art spécifique
de peinture murale. Au 19e siècle enfin, de nombreux
édifices
font l’objet d’une décoration murale,
soit religieux (les églises
parisiennes notamment, et en particulier l’église
St Sulpice avec
les peintures de Delacroix, que nous retrouverons plus loin), soit
civils,
généralement institutionnels, (palais de justice,
ou encore
la Sorbonne avec Puvis de Chavannes). Quant au 20e siècle,
il est
difficile de parler d’une tendance
générale de l’art mural,
étant donné l’éclatement des
courants artistiques
contemporains et des styles, mais nous verrons néanmoins
quelques
exemples de ce que l’on peut rencontrer dans ce domaine.
Les techniques d’exécution sont
étroitement liées
aux époques et à la situation de l’art
mural dans celles-ci.
Ainsi, l’artiste de la Renaissance s’appliquera
à respecter scrupuleusement
les règles de la peinture à fresque,
héritée
des Anciens, et qu’il aura apprises dans les divers
traités, disponibles
à son époque ; l’artiste du 19e
siècle, tel Delacroix,
nous le verrons, utilisera les dernières trouvailles de
l’industrie
chimique naissante pour expérimenter, avec plus ou moins de
bonheur,
des techniques ou des produits nouveaux ; l’artiste du Moyen
Age peint
avec ce qu’il a : terres, liants d’origine
végétale ou animale,
technique plus ou moins maîtrisée, mais
inspirée de
l’Antiquité, etc.
Article d'origine: http://www.culture.gouv.fr |